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La thĂ©orisation des phĂ©nomènes d’enseignement des mathĂ©matiques Thèse d’état 1986

Mardi 24 aoĂ»t 2010   

Le résumé

La thĂ©orisation des phĂ©nomènes d’enseignement des mathĂ©matiques vise Ă  permettre l’analyse , la production et le contrĂ´le des moyens de faire approprier les mathĂ©matiques par les Ă©lèves.

a) Il s’agissait essentiellement dans cette thèse d’Ă©tudier l’enseignement de diffĂ©rents concepts mathĂ©matiques, et principalement les rationnels et les dĂ©cimaux au niveau Ă©lĂ©mentaire. (les nombre naturels et leurs opĂ©rations, les probabilitĂ©s et les statistiques avaient fait l’objet de travaux antĂ©rieurs)

Mais son ambition Ă©tait de jeter les bases d’une thĂ©orie des situations didactiques, moyen
nĂ©cessaire Ă  une approche scientifique des phĂ©nomènes d’enseignement des mathĂ©matiques.

b) Dans un premier temps, l’Ă©tude des situations d’apprentissage (le professeur Ă©tant
provisoirement exclu du processus) m’a conduit Ă  proposer une typologie dĂ©sormais classique: situations d’action, de formulation, de validation ou de preuve. Cette typologie s’appuie sur une hiĂ©rarchie de critères (systèmes en prĂ©sence et leurs interactions, forme des connaissances, rĂ´le et fonctionnement, mode d’apprentissage) et permet aussi bien la modĂ©lisation et l’analyse d’une activitĂ© observĂ©e que la crĂ©ation d’activitĂ©s nouvelles et originales.

Cette hiĂ©rarchie de critères permet de prĂ©ciser une signification des comportements cognitifs et socio-cognitifs de l’Ă©lève. En particulier, il lui correspond une typologie des statuts de la connaissance que l’on retrouve en Ă©pistĂ©mologie des mathĂ©matiques ainsi qu’une classification en niveaux de connaissance.

Cette modĂ©lisation permet de prĂ©voir ce que l’Ă©lève « a intĂ©rĂŞt » Ă  modifier dans ses comportements devant une situation mathĂ©matique interprĂ©tĂ©e comme problème et de prĂ©ciser les conditions qui lui permettent effectivement ces modifications. Les comportements observĂ©s sont des moyens de connaĂ®tre, non seulement l’Ă©lève (objet de la psychologie), mais aussi les situations elles mĂŞmes. Les connaissances visĂ©es tendent alors Ă  s’articuler (suivant leur statut) selon les conditions de leur apparition Ă  l’Ă©lève et non pas conformĂ©ment Ă  leur structure et Ă  leur position dans le savoir actuel.

MalgrĂ© la complexitĂ© des phĂ©nomènes Ă©tudiĂ©s, ces travaux visent Ă  constituer la Didactique des MathĂ©matiques en un nouveau champ scientifique, et Ă  conjuguer des apports très Ă©loignĂ©s (tels que ceux de l’Ă©pistĂ©mologie, de la pĂ©dagogie, de la sociologie, et de la psychologie…) avec la rĂ©flexion mathĂ©matique en vue de la connaissance et de la conception de l’enseignement des mathĂ©matiques.

Ces modèles suggèrent des calculs qui permettent de prĂ©voir les comportements des Ă©lèves, et surtout d’identifier les variables didactiques (variables qui modifient les connaissances nĂ©cessaires Ă  la rĂ©solution). De nombreux chercheurs ont utilisĂ© ces modèles et des montages didactiques qui en dĂ©coulent Ă  tous les niveaux scolaires.

c) J’ai mis en Ă©vidence le rĂ´le des sauts de complexitĂ© dans l’apprentissage, ce qui m’a conduit ensuite Ă  importer en mathĂ©matiques la notion d’obstacle Ă©pistĂ©mologique que Bachelard avait introduite pour expliquer la formation de l’esprit scientifique. Il a fallu pour cela indiquer des mĂ©thodes de recherche originales.

d) Cette approche systémique a permis

  • de mettre en Ă©vidence les phĂ©nomènes d’obsolescence des situations didactiques et des savoirs, phĂ©nomènes très importants dont l’analyse a permis de prĂ©ciser la notion de reproductibilitĂ© en didactique,
  • d’Ă©tudier les interactions entre le maĂ®tre et les Ă©lèves (situations de dĂ©volution des problèmes et d’institutionnalisation, stratĂ©gies d’Ă©vitement).

Elle n’a permis d’expliquer de façon satisfaisante qu’une très faible partie des Ă©checs Ă©lectifs des Ă©lèves, que j’ai analysĂ©s de façon dĂ©taillĂ©e par des mĂ©thodes statistiques et cliniques (Ă©tudes de cas).

Elle a conduit toutefois Ă  la mise en Ă©vidence des contraintes qui pèsent parfois jusqu’au paradoxe sur les relations du maĂ®tre et de l’Ă©lève, et qui les contraignent Ă  la fois Ă  se lier en une sorte de contrat didactique, et Ă  le rompre. L’Ă©tude du fonctionnement de ce contrat a permis de mettre en Ă©vidence divers phĂ©nomènes (certains ont marquĂ© les rĂ©formes des
années 70) et a en proposer une explication.

  • effets dits « Topaze » et Jourdain, effet de glissement mĂ©tadidactique, abus de l’analogie…
  • les transformations (volontaires mais surtout involontaires, Ă  court et Ă  long terme) des connaissances par l’activitĂ© d’enseignement, Ă©tude poursuivie et très profondĂ©ment remaniĂ©e et Ă©largie par Y. Chevallard dans « la transposition didactique »
  • l’Ă©pistĂ©mologie spontanĂ©e des professeurs

e) les annexes prĂ©sentent quelques unes des nombreuses applications de ces mĂ©thodes et de ces concepts Ă  l’Ă©tude de l’enseignement de diverses questions de mathĂ©matiques (naturels, dĂ©cimaux et rationnels, opĂ©rations, probabilitĂ©s, gĂ©omĂ©trie, logique, etc…

L’annexe la plus importante est constituée par le compte rendu de l’expérimentation d’un processus d’enseignement des rationnels et des décimaux : 65 leçons, répétées dans 2 classes de CM2 pendant 10 ans.

f) On y trouve quelques innovations mĂ©thodologiques dont une pour amĂ©liorer l’usage de l’Analyse Factorielle des Correspondances dans les expĂ©riences. Il s’agit d’analyser Ă  part l’espace des correspondances Ă©tablies Ă  priori entre les caractères (explicatifs) des questions posĂ©es aux Ă©lèves et les questions elles mĂŞmes, le plongement (classique) de cet espace dans celui des observations permet alors d’apprĂ©cier les informations effectivement dues Ă  la contingence et de les distinguer de celles que l’on connaissait Ă  l’avance ou qu’on a introduites par le choix des questions.

La fiche signalétique de la Thèse

auteur(s)                         

Guy P. Brousseau

Laboratoire actuel  1 :          

DAESL/LACES - Laboratoire cultures, éducation, sociétés,

UniversitĂ© Victor Segalen – Bordeaux II : EA4140  3bis Place de la Victoire 33000 Bordeaux France

titre                                   ThĂ©orisation des phĂ©nomènes d’enseignement des mathĂ©matiques

date de soutenance        

02/12/1986

résumé                            

L’enseignement est un champ d’Ă©tudes pour de nombreuses disciplines qui ne prennent chacune en charge qu’un de ses aspects particuliers, sans pouvoir assurer sa consistance avec les autres approches. L’auteur envisage ici les conditions qui permettraient une Ă©tude directe et scientifique – c’est-Ă -dire thĂ©orique expĂ©rimentale – du cĹ“ur de la relation d’enseignement dans ce qu’elle a de spĂ©cifique de la connaissance Ă  transmettre. Il tente ainsi de prolonger la didactique classique, essentiellement normative, sous l’Ă©gide de l’Ă©pistĂ©mologie expĂ©rimentale et de l’anthropologie. Le but final reste de produire, amĂ©liorer, reproduire, dĂ©crire et comprendre les situations d’enseignement qui initient les Ă©lèves Ă  l’activitĂ© et Ă  la culture des mathĂ©maticiens. Le chapitre 1 montre sur un exemple – l’enseignement des rationnels et des dĂ©cimaux – comment les concepts gĂ©nĂ©raux permettent de classer les sources de questionnement, d’identifier certains phĂ©nomènes, de les expliquer, d’en tirer des problèmes prĂ©cis concernant le type de situations dont l’Ă©lève doit prendre le contrĂ´le pour s’approprier une connaissance correcte. Les renseignements que l’on retire de l’observation de la mise en Ĺ“uvre de ces situations, constituent les bases d’une vĂ©ritable Ă©pistĂ©mologie expĂ©rimentale. Le chapitre 2 est une Ă©tude du fonctionnement des situations didactiques du point de vue d’Ă©lèves en Ă©chec Ă©lectif. Le chapitre 3 dĂ©finit les concepts de base de la thĂ©orie des situations didactiques et prĂ©sente une Ă©tude de leur consistance ainsi qu’une mĂ©thode de confrontation avec l’expĂ©rience ou l’observation Le chapitre 4 Ă©voque quelques questions de mĂ©thodologie de la recherche en didactique et une mĂ©thode de contrĂ´le de l’analyse factorielle des correspondances par l’analyse de l’espace explicatif. Le chapitre 5 montre deux applications possibles de la thĂ©orie dans l’Ă©tude de l’enseignement de l’Ă©numĂ©ration et de la gĂ©omĂ©trie. Les annexes prĂ©sentent des Ă©tudes dĂ©taillĂ©es de certains aspects de ces travaux, en particulier la thèse de l’existence d’obstacles Ă©pistĂ©mologiques en mathĂ©matiques.

domaine                           

Mathématiques

Équipe(s) de recherche  

COREM/ IREM

organisme de délivrance 

 UniversitĂ© Sciences et Technologies – Bordeaux I

référence interne            

 N° 894; Doctorat d’Etat ès sciences

langue                              

Français

président du jury             

Pierre DAMEY

composition du Jury        

Bernard Malgrange (directeur de la thèse)
Jean Colmez (co-directeur)
Jean Esterle (rapporteur)
Jean Dhombres (rapporteur)
GĂ©rard Vergnaud (rapporteur)

mots-clés                         

 Fondements de la didactique des mathématiques – épistémologie expérimentale – reproductibilité didactique – théorie des situations didactiques – rationnels – décimaux – échecs électifs – analyse factorielle des correspondances – obstacles épistémologiques

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